Le calendrier berbère est découpé en quatre saisons de trois mois chacune. La correspondance avec le calendrier grégorien est notée entre parenthèses :
Yennayer est la fête célébrant le passage au nouvel an par les Imazighens. Ce jour correspond au 13 janvier du calendrier grégorien, devenu universel. À l'instar des autres civilisations dans le Monde (Russe, chinoise, irlandaise, arabe etc.), les Imazighens avaient donc leur propre calendrier bien ancien, basé à la fois sur les changements de saisons et les différents cycles de la végétation qui déterminent les moments cruciaux à l'agriculture, et sur les positionnements des astres comme la lune et le soleil. À l'arrivée des Romains, un autre calendrier (le calendrier Julien), allait se substituer au calendrier autochtone, qui ne répondait plus aux nouvelles saisons nées des innovations agricoles. Le 13 janvier du calendrier Julien (institué en 45 av. J.-C. par l'Empereur Jules César) correspond donc au 1er janvier du calendrier grégorien actuel (instauré par le pape Grégoire XIII en 1582).
Pourquoi le 13 janvier 2964 ( en l’an 2014)
Qu'est-ce que Yennayer?
L'avènement de Yennayer de l'an 951 avant Jesus-Christ du calendrier grégorien correspond à un événement politique de portée incommensurable pour les Imazighens. Nombreux dans les différentes armées des Phaarons, les Imazighens allaient peu à peu s'affirmer et influencer les Rois Pharaons. C'est ainsi qu'ils réussirent à arracher leur droit à observer leur propres rites comme les cultes funéraires, pratique spirituelle d'importance capitale à l'époque. Il en fut une qui ne pouvait passer inaperçue, le rite funéraire organisé à la mort de Namart, père de Sheshanq I qui allait bientôt être le fondateur de la XXIIème dynastie pharaonique.
Prince d’Hérakléopolis, Sheshonq Ier est appelé par Manéthon Chechanq Ier (Sensonchis et plus rarement Chéchonq ou Chechonq, parfois Shoshenq) et lui compte vingt et un ans de règne de -945 à -924. Il est aussi le Sesaq ou Shishak de la bible.
Source : Wikipedia.org (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sheshonq_Ier)
En l'an 950 Av.J.-C., à la mort du Pharaon Psoussenes II, un Amazigh répondant au nom de Sheshnaq accède au statut de Pharaon d'Egypte en soumettant tout le Delta du Nil, ainsi que la grande prêtrise égyptienne sous son autorité, et fonda sa capitale à Bubastis. Auparavant, Chechanq I régnait sur un territoire allant de la partie orientale de la Libye actuelle jusqu'au delta du Nil. Il régna sur l'Egypte en tant que Pharaon de 950 jusqu'à 929 Av. J.-C.
Soussieux de respecter la tradition pharaonique, son fils épousa la princesse Makara, fille du défunt Pssossenes II.
En commémorant cet événement Yennayer devient également le symbole des retrouvailles entre les Imazighens et leur histoire plusieurs fois millénaire, de laquelle ils ont été injustement spoliés depuis maintenant deux millénaires.
Pour les Imazighens, Yennayer est d'abord une porte qui s'ouvre sur le nouvel an et appelée 'tabburt useggwass' (la porte de l'année). Sa célébration s'explique par l'importance accordée aux rites et aux superstitions de l'époque dont certaines subsistent encore de nos jours.
Le diner ce jour là sera servi tard et se doit d'être copieux, ce qui aux yeux des Imazighens augurera une année abondante. La viande de l'animal sacrifié y sera servie conformément au rite. Certains ne pouvant se permettre un tel sacrifice, servent de la viande sèche, comme acedluh, gardée pour de pareilles occasions : un Yennayer sans la viande fût-elle sèche n'en était pas un ! Lors du dîner, une cérémonie est prononcée afin de préserver les absents et de faire que l'année soit bonne. Les absents ne seront pas les oubliés du repas : des cuillères disposées par la mère symbolisent leur présence et une proportion symbolique leur sera laissée dans le palat collectif, sensé rassembler toutes les forces de la famille. Après le repas il convient de vérifier si tout le monde a mangé à sa fin. C'est la maîtresse des lieux internes (la grand-mère ou la mère) qui pose la question aux enfants pour savoir s'ils ont mangé à leur fain : la réponse est necca nerwa (oui nous avons mangé et sommes rassasiés).
La maîtresse des lieux n'oublie pas non plus les proches ou les voisins, lesquels lui rendent également des aliments différents : il n'est pas de coutume de laisser balader des ustensiles vides le jour de laawachar (jour béni).
La période en question attire particulièrement l'attention car la saison correspond à l'approche de la rupture des provisions gardées pour l'hiver. Il convient donc de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites. À cette époque de l'année, le rite doit symboliser la richesse. Ainsi, pour que la nouvelle année entamée soit plus fructifiante et la terre plus fertile, il convient de se purifier et de nettoyer les lieux. On obéit également aux lois rituelles tel que le sacrifice d'un animal (Asfel) sur le seuil de l'année, comme on le fait encore de nos jours sur les fondations d'une nouvelle bâtisse. Le rituel asfel symbolise l'expulsion des forces et des esprits maléfiques pour faire place aux esprits bénéfiques qui vont nous soutenir l'année durant. Si les moyens le permettent, seront sacrifiés autant de bêtes qu'il y a de membres de famille. La tradition a retenu le sacrifice d'un coq par homme, une poule par femme et les deux ensemble pour les femmes enceintes afin de ne pas oublier le futur bébé. A défaut de viande, chaque membre de famille sera représenté par un oeuf surmontant une couronne de pâtes.
La fête garde de sa saveur pendant les quelques jours qui suivent l'événement. Les nouveaux ustensiles rangés après la dernière célébration vont redescendre de tareffit (étagère), on prépare lesfenj (des beignets), tighrifin (crêpes), et tout autre plats et gâteaux rappelant une saveur rare fût-elle importée. Seront également au rendez-vous les fruits secs amassés ou achetés le reste de l'année, figues sèches, amandes, noisettes, dattes, etc.
Dans certaines régions d'Algérie, Oran, Beni Zennassen, etc..., la célébration de Yennayer n'a rien perdu de sa fraîcheur ni de son authenticité. Chez ces derniers, certains s'abstiennent de manger des aliments épicés ou amers par peur de présager une année du même gout. Le repas de Yennayer est conditionné par les récoltes selon les régions mais aussi par les moyens des uns et des autres. Les aliments servis vont symboliser la richesse, la fertilité ou l'abondance. Il est ainsi des irecman (bouillie de blé et de fèves) ou le cœur du palmier chez les beni-Hawa : pas question de rater le repas de bénédiction qu'est celui de Yennayer.
Le bon présage de Yennayer fait aussi que l'on lui associe d'autres événements familiaux comme la première coupe de cheveux du dernier né ou le mariage. Récemment encore, on disposait à l'extérieur ou sur le toit des ustensiles pleins de sel dont le nombre symbolise les mois de l'année, les filles s'amusent à marier leur poupées, on envoie les enfants aux champs afin de cueillir eux-même fruits et légumes.
Source : Karim Achab